Baisée

Cogne, cogne, cogne. La folie cogne à mes yeux, comme la fatigue ou le cuir.
Dans un élan de désir enragé, j’irai tatouer des mots d’amour sur le béton de vos ailleurs. Je revendique la poésie pour loi, et vous écrasez mon corps, égoïste vandale, vous ne gagnerez qu’une maigre jouissance. 

Et la légèreté, des hurlements de joie, des échappées belles dans l’autre monde. Oh oui le gris vous attriste, la course contre la montre, froideur, froideur, être glace face aux corps beaux, parce qu’il nous faut nous tenir bien… 
NONCENESTPASBIEN. Se tenir, refréner  empêcher, taire l’impulsion, quand la main trépigne de l’envie d’effleurer la peau, quand la bouche déjà s’élance vers ce cou tendu, quand les seins de la femme attire mes yeux – non je ne regarde pas, je me tiens bien, je me tiens, je me retiens, je m’éteins –

Brûler la flemme, oui, mais pas n’importe comment. Emmener l’Autre dans ce voyage, prendre le temps de la politesse, de l’apprivoisement. Un sourire avant le sexe, un mot doux avant la fronde, je me fous de vos armes de séduction, ce n’est pas là que j’irai chercher l’émoi. Le carnassier ridicule, quand vos soifs sont si grandes que l’eau vous déssèche. 

Soyez faillible, 
gardez le doute, 
laissez-moi le droit à l’incertitude, à l’embarras lorsque mes lèvres goûteront la chaleur de votre épaule. 
Votre conquête n’est qu’illusion. Et le parfum de votre peau ne me plait pas. Laissez-moi donc m’éloigner, ne plus croire en vos verbes, retrouver mes élans, laissez moi d’autres vies, une seule ne me suffit pas, et certainement pas celle formatée missionnaire qui se satisfait du pouvoir à l’ennui. Je ne veux pas des cages dorées, m’attacher au lit, au fauteuil, à la chaise ne libérera jamais mes instincts. Il me faut de grands espaces où je peux vous rêver, il me faut des terrains de jeux à volonté, il me faut des lumières blanches et des idéaux, comme si vous étiez le loup et l’agneau. Et si la chair rougit, entre mes cuisses guerrières, il vous faudra encore amadouer l’âme. 
Ne pensez jamais m’avoir domptée. Vous m’avez juste baisée. 

4 commentaires sur “4”

  1. Merci pour ces textes. Je trouve vos mots denses, fins, bruts, doux, sobres et poétiques à la fois.<br />Je suis touchée au cœur et au corps. Je sais la maladie, la maternité, le sexe, la VIE.<br />J&#39;adore.<br />MarieT<br />

  2. Oui, c&#39;est bien là que réside la louve, dans ces espaces sans frontières où les mâles sont autant de proies, où aucun n&#39;est en terrain conquis, où chacun s&#39;imagine avoir le choix des armes. Ô Déesse sans autel, aucune prière ne vous corrompt, aucun rituel ne vous amadoue, ceux qui croient vous avoir possédée ne sont qu&#39;âmes en perdition.

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