La femme aux livres

Se murmure l’envie, entre peau et lit. Et tu fermes les yeux, et tu souris. Cette percussion douce prend toute la place, et ton corps danse, tu n’as pas choisi. Hanches ondulantes, l’impossible tentation, la voix des reins, traverse ventre et gorge, comme si tu la sentais vivre hors de toi. Il y a la plus grande sensualité, comme tes seins enserrés dans ce corsage trop décolleté. Le tissu agace la pointe de tes seins comme le ferait le froid. Au fil du jour, tu as joué avec les coutures, frôlé les globes de l’avant-bras, tenté en mille manières de prolonger le trouble qui te tenaille depuis le matin, depuis que tu as vu ces clichés en noir et blanc, ces peaux mélangées, ces sexes léchés avec délicatesse, ces doigts glissés dans des fentes luisantes. Tout le jour, les mains à ton dos, les yeux à tes seins t’ont troublé le ventre. Il faut exulter, dis-tu.

Déposeras-tu ces tissus ? Tu découvres ton dos, des reins au cou, tes os, l’arrondi de la taille, à peine marquée. Tu danses encore, tu tourbillonnes. Le corsage sur le sol. Sous mes yeux maintenant, ces seins ronds, si proches de ma bouche, je voudrais les goûter. En lécher la pointe, en goûter la peau, respirer ton odeur sage, et entendre ton souffle qui file comme le vent. Je te regarde, c’est tout. J’ouvre un bouton de ma chemise, l’air de rien, ridicule. Entre mes cuisses, je sens l’humide.

Nue, tu prends la pose. Un livre entre les mains, les lunettes à la pointe du nez, seins nus, et cuisses nonchalantes. Au bout du canapé, j’envie ta liberté. Les mots sont crus, tu lis la pornocratie. Ta main cherche sein, pétris et pince, tu ondules déjà. Je m’agenouille devant toi. Un genou sur l’accoudoir, un pied sur mon épaule, tu poursuis. J’observe ton bassin, tes fesses qui se tendent vers moi, ta main qui dévoile ton sexe, ton silence un instant quand j’y pose le doigt. Tu reprends le phrasé lent. Il est question de foutre, et de fornication coupable. Comment le sexe peut-il être coupable, dit-tu.

Le corail de tes lèvres sur le blanc de mon doigt. Ma langue framboise se réjouit déjà. Je souffle doucement, caresse le pli de ta cuisse à ton sexe, puis la petite cicatrice qui descend de ton sexe vers la rose farouche. J’embrasse ta cuisse laiteuse, là où la peau est si fine. Tes mots s’enfuient, se font soupirs. Va-tu enfin mordre mon sexe, dis-tu.

 

3 commentaires sur “3”

  1. Qu’il me soit permis de dire qu’une femme nue et un livre est une des images les plus sexy que ce monde peu nous offrir. D’ailleurs, elle ne peut être surclassée que par une femme nue, un livre ET un verre de vin.

    Très jolie texte Nora, encore une fois.

  2. Un texte sublime de simplicité désirante et de contrastes colorés, tout en détails tactiles évidents comme la lucidité du voyant.
    Vous avez changé de lieu, pas de talent, madame.
    Merci.

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