Les heures bleues


Le lit est froid.

Tout près de moi, votre parfum, comme un souvenir tendre, une écorchure au genou, un hier de vie. 
Vous avez quitté la partie, il ne reste que l’air.
De nos émois d’autrefois, le parfum désormais solitaire.
Quelques photos sous verre, quelques chemises délavées par le vide. 


Le lit est froid.
Parfois la nuit, je cherche vos mains, la chaleur de votre peau, votre souffle dans mon cou.
Je cherche mais ne trouve point, un oreiller, c’est tout.
Il goûte le sel, à force le temps. 


Le lit est froid, mon corps est vide.
Dans le rêve, mes mains vous miment, artifice de mémoire, macabre pantomime.
Retracer le chemin de vos lèvres, comme une danse désuète, une valse d’autrefois, un relent de joie.
A jouir honteuse et seule, je me console lâchement, honorant la mémoire de nos ivresses de ma paresse à renaître.
Un jour vous êtes parti, un jour de folie ordinaire, un jour à pleurer les carcasses, un jour à briser les lames, un jour où chantent les sirènes.
Parfois dans un sourire, je retrouve votre étincelle, dans la façon de dire mon nom, ou de murmurer le plaisir. 

Et la nostalgie me prend, et la rage de vivre.

3 commentaires sur “3”

  1. @Grumpfff<br />Merci à vous.<br /><br />@Comme une image<br />Vous me faites découvrir une expression inconnue, mais dont la sonorité curieuse m&#39;a mis la puce à l&#39;oreille… Magnifique !

  2. <i>L&#39;indicible désir</i> dont vous parlez dans votre présentation, là haut, à droite…<br /><br />Voilà, c&#39;est ce que vous faites si bien : vous efforcer à dire l&#39;indicible. Vous peignez¹ ici avec vos mots encore un bien belle toile, même si celle-ci a le goût acide de l&#39;absence.<br /><br />(¹) Oui, du verbe peindre. Mais si vous souhaitez peigner la girafe, ne vous en privez pas…

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