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Je suis couchée sur mon lit, en travers, les bras écartés, les cheveux défaits. J’ai chaud. Sous ma peau, le drap de coton, frais, contact agréable, un peu rugueux, familier. Entre mes cuisses, un homme. Le cheveu court, la langue agile, foutrement agile. Ses mains sont posées juste à la jonction entre mes fesses et cette zone terriblement électrique, douce et charnue, pas vraiment l’intérieur de la cuisse, pas encore le sexe. Du bout de ses doigts plein de mots, il me tutoie le corps, me raconte des histoires de frissons et d’humidité.
Aujourd’hui, il mène le bal, et j’ai le plus grand plaisir à me laisser emmener par son corps dans un voyage aux abandons vallonnés.  Je ne me défends de rien, je n’agis plus, je suis sa chose, son défouloir et sa muse. J’ondule sous sa langue, j’écarte les cuisses de plus en plus, comme pour l’avaler, que sa langue entre au plus profond de moi. Je tourne la tête.
 Assise sur la chaise, elle nous regarde. Son visage n’exprime rien, je ne sais si elle est heureuse ou triste, si le spectacle la réjouit ou l’offense. Mais elle reste là, jambes croisées, imperturbable. J’ai envie qu’elle soit heureuse. Je lui souris. Mais elle ne réagit pas.
L’homme entre mes jambes montre des signes de plus en plus évidents de désir : sa queue enflée, son gland presque violacé se rapprochent de ma main. Il semble attendre quelque chose de moi. Son corps m’émeut toujours un peu, avec ses fragilités d’homme mûr. J’allonge la main. Mes doigts autour de sa queue, va et vient léger et glissant, il aime, je le sais. Elle aussi, je le découvre, alors qu’elle décroise les cuisses, et me révèle la moiteur de ses lèvres gourmandes.
Je serai donc celle-là, qui se prête au jeu de leurs fantasmes, la main gauche sur un sexe d’homme, la main droite dans un sexe de femme. Je n’ai jamais su choisir. 

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