Madeleine

Indolence dans la rue, temps d’été, peau qui brûle, jupe au genou, lunettes noires.  Mes pas dans la ville, la musique dans les oreilles, journée presque ordinaire. 
Et puis… Dans mon champ de vision, je l’ai vue. Cette  femme. Était-ce le foulard dans les cheveux, était-ce  le sourire… 
Mon cœur s’est décroché. Cette femme que j’avais tant aimée, au milieu de la foule. Les souvenirs doux de sa bouche sur la mienne, le jeu, la provocation, les heures à refaire le monde sous le ciel, en attendant le lever du soleil pour retourner à nos vies ordinaires, nos nuits à deux dans un petit lit, collées en corps à corps gémellaires, les nuits d’évasion. La douceur de sa peau, la rondeur ferme de ses seins de jeune mère… Combien de soirées avons-nous passées à effleurer nos désirs, à s’émouvoir de nos seins si différents, à caresser le velours , à une époque où les filles ne s’embrassaient pas pour jouer. 
Ah, je l’ai aimée, cette femme, ses reins creux, ses fesses rondes. Et j’ai aimé ses pudeurs publiques, et j’ai aimé le fin duvet de son sexe, son goût âcre, j’ai aimé l’odeur de sa transpiration, et j’ai aimé la plaquer au mur pour l’embrasser, dans des couloirs déserts, au milieu de la foule, ivresses estivales…
Les émotions cachées derrière mes lunettes, je me suis approchée, pas trop, entre timidité et audace, de cette femme dans la foule, avec l’espoir infime qu’elle me sourie. Hélàs, ce n’était qu’une inconnue… 

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