Amarante

Non. Cours dans les couloirs de l’opéra, ouvre cette bouche grande, cette bouche qui donne le la, et pars loin, même si le ventre te creuse, l’urgence t’affole, surtout, cet homme, cette peau rêche qui se frotterait à ta cuisse pendant qu’il goûterait ton sexe, rêche contre pêche, il est le fruit défendu, fuis, ne t’approche pas, non, il n’est pas si beau, non, il n’est pas si tendre dans le soleil de nuit, non surtout il ne te comprend pas plus que les autres, non il n’est pas là pour toi et ses doigts dans ton ventre ne provoquent rien de plus que ce que tu ferais toi-même, une vague certes, mais c’est ton désir qui en fait un orage, non, sa langue n’est pas si douce, si habile à se glisser à l’antre de ta vie, dans les bastions interdits, tu ne peux pas jouir tout de suite, attends un peu au moins, peut-être que tous te font cet effet-là, attends au moins de savoir s’il compte t’aimer un peu, attends peut-être d’être sûre que son parfum te chavire, si sa peau goûte le sel, mais tu ne sais combien de lits, attends de lui parler au moins, avant de le dévorer de la sorte, tu débordes, tu débordes, on ne désire pas les inconnus si fort, attends avant d’écarter les cuisses que vous soyez à l’abri des regards, mais que fonde et se taise, la voix de la raison, mais silence, silence, bon sang, sa langue goûte le vin, et il t’enivre en pâmoison, au milieu de la foule corps collés baiser comme on se dévore, instant volé à la vie grise, il y a de l’amarante et du bleu, de ces arcs-en-ciel explosifs dans tes paupières, être floue encore un peu, personne et tout le monde, la femme son nom, et tu l’emmènes là où les draps sont propres, il y a les corps humides, et son sexe contre ton ventre, enlacés dans l’ascenseur, il est la main qui serre, la clef qui tremble, il y a le lit, ou le mur simplement, avaler son ventre, mélanger les bouches encore, tissus par terre, empressés, affamés, entre ses mains tu danses, les mots collent à la peau, sensations moites, désir en vie, ton sein entre ses lèvres, et puis, et puis arracher tout, et surtout le silence, tu murmures non tu cries, son doigt au fond de toi, il trouve le chemin, ses fesses accrocher tes mains, et oublier la voix, le monde dehors, l’histoire, est-ce là ce que tu veux ? Oui, dire oui au sexe qui pénètre, et ton ventre frémit, dire oui aux mains crispées, aux fesses qui claquent contre les hanches, dire oui à tout, le cul qui palpite, et les frémissements du corps, ça commence comme une caresse légère, qui grandit, cherche, plus loin, il danse contre toi, il voyage en toi, tu pars au bout du monde, au soleil de là-bas, dans les lacs d’ici, et puis ça remonte et le ventre s’embrase, la chair tuméfie, la main pétrit, le sexe jouit, la bouche dans un cri. Oui.

4 commentaires sur “4”

  1. oui.<br />j&#39;aime ces mots qui coulent comme une rivière.<br />qui inondent. qui ne laissent pas indifférents. <br />c&#39;est très beau.

  2. ET cette frénésie concupiscente semble vous catapulter hors du temps, comme mieux savourer l&#39;(explosif) instant ! Comme un (exquis) paradoxe d&#39;Alcôve… <br /><br />a presto, Antoine

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