La peau rouge


J’ai de la fièvre. Je suis brûlante. Mon corps est faible, ma peau a chaud. Elle s’égare en pensées vagabondes, parce que je croyais savoir. Pour jamais. A rêver l’imprévu, à chercher les mots, j’oublie parfois. Le silence absolu, mes bras autour de son corps. Le poids de ses rêves, quand il dépose sa vie au pied du lit. Je l’ai regardé. Longuement. Beaucoup. Fort. Il y a son corps et mes mots, il y a son esprit et ma peau, il y a son sexe et ma bouche. Dans le paradoxe, et dans l’oubli, manger la peau comme on ronge un os, avec la gourmandise existentielle. Je n’accepte ni l’interdit, ni l’impossible. La vie me dit l’amour comme les rêves, le soleil dans la nuit. Sa peau contre la mienne me dit l’aimant, son odeur me dit le passé et l’avenir, son sexe me sourit. De mes mots audacieux je perds l’assurance, et vacille, de la parité fugace. Sans mots, il m’a raconté l’oubli, les aveux, le trouble, la férocité. Il a partagé ses histoires, sa joie, ses forces. Il a osé la fragilité, pris mon sexe dans sa bouche. Jouir. Ma vie toute pure se mélange et me grise, quand tout est aussi noir que blanc, quand ses muscles tressautent, quand ses yeux rougissent, quand son sexe s’évade dans l’émoi. Jouir encore. Oser la délicatesse de l’espoir inédit, d’un absolu qui transige, choisir le meilleur, mais beaucoup, fort, plus encore, et plus loin écarter les cuisses et tendre le ventre vers l’instant répété. Jouir enfin.

Sourire des frissons, se croire et finalement être, être à l’extérieur de ce qui nous contient.

2 commentaires sur “2”

  1. Je ne sais… Mais l&#39;étoffe qui m&#39;habille est soyeuse et fragile, se déchire à la moindre écorchure, et pourtant contient toute une vie… <br />Merci Girofle, pour ta lecture toujours éclairante…

  2. toujours à la lisière du précipice … équilibre instable, faiblesse forte, <br />tu aimes caresser l&#39;absolu … insaisissable mais tellement proche :)<br />C&#39;est l&#39;étoffe des prophètes … tu savais 😉 ?

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