Demain

On le sait, qu’il y a une fin, pas vrai ?

Parfois, on essaie d’oublier, parce que c’est plus confortable, parce que ça fait moins peur peut-être. Moi aussi, j’oublie, parfois. Quand j’ai trop d’appétit, quand la liste de mes curiosités est trop longue pour moi toute seule, quand la vie m’est douce et sucrée, quand je suis en équilibre entre tempête et inertie.

Puis un ami meurt, ou un père, une femme croisée à la fête, un enfant. Ou la maladie revient. Ou le docteur fronce un peu trop les sourcils en lisant les résultats. Et ça te rattrape.  Parfois les autres sont mal à l’aise. Oh mais si c’est la fin, on doit dire au revoir, se dépêcher en fausseté, rendre hommage avant l’heure, chercher les qualités pour se souvenir en bien.

Arrête ça tout de suite.

As-tu oublié ? Il y a un début, et il y a une fin.

La différence entre l’humain malade et toi, c’est que lui sait “à peu près” quand et comment il va mourir. Toi, tu ne le sais pas. Ca peut être demain, dans vingt ans, même avant lui.

Alors tu vas me ravaler ta trouille fissa, et tu vas sortir d’ici. Tu vas regarder l’arbre dehors, et puis le môme qui apprend à marcher avec sa grand-mère dans la ruelle, et tu vas préparer de ces gâteaux si bons, et quand il pleuvra, tu verras combien c’est beau, ce ciel fécond, et puis tu vas faire ce voyage et peindre ce tableau, ou juste … ne rien faire.

Peut-être demain, tu auras oublié, quelques instants. Tu reprendras ta routine, fonçant vers l’inertie, le mouvement perpétuel, de la table au bureau, du bureau au lit, sans passer par l’étreinte, et sans recevoir 2000 euros.

J’irai à Paris, je publierai un livre, j’aimerai et j’exulterai, et puis je choisirai l’étreinte, et les bleus sur les genoux d’avoir trop couru. Ou je ne ferai rien, parce que je n’aurai pas le temps, mais juste l’envie.

Ce n’est pas grave, tu sais. C’est la vie.

Les mots tombés du lit comme mort, maladie, comme l’attente, comme vie.

1 commentaire sur “1”

  1. Oui, il y a une fin, demain ou dans vingt ans.

    Moi, pour l’heure, je ne fais rien, je n’ai pas faim.

    Ah si, je lis, ici et là, de jolis mots, qui parlent de la fin.

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