Eros Capital : une lecture qui claque

Je l’ai finie.  Quoi ? La brique qui apparente le sexe à un échange  régi par les lois du marché capitaliste… Erotico-capitaliste : on rêverait que ce soit un oxymore, mais c’est bel et bien un constat réaliste.

De quoi parlons-nous ? Du livre Eros Capital – Les lois du marché amoureux, de François De Smet.

Cette lecture, c’était tout sauf une promenade de plaisir. C’est bien écrit : l’homme a la plume efficace. C’est largement documenté : rien qu’en lisant les notes et références, j’ai acheté deux livres de plus, en me réfrénant très fort. C’est drôle aussi. Vraiment. J’ai eu de ces éclats de rire à réveiller les voisins, quand, les nuits d’insomnie, je prolongeais la lecture.

Et j’ai pris quelques claques. De ces petites vérités bien laides et viles sur le comportement humain, qu’on soupçonne mais qu’on masque d’un pudique voile de bons sentiments qu’on nommera comme on veut, amour, humanisme ou droits humains, toutes constructions conceptuelles pour rendre notre civilisation un peu moins rude.

C’est triste ? Attends la suite.

Le courage des oiseaux 

(Dominique A)

Le monde manque de sens. Ou plutôt : la direction que le monde prend est épouvantablement effrayante. Je te fais pas la liste, entre la planète qu’on a abîmée, les humains qu’on laisse mourir, la vie de hamster qui court dans sa cage, les maladies et les haines… Tu sais, n’est-ce pas ? Si on s’arrête pour penser, on s’effondre. Que reste-t-il ? Quand la nuit, le doute, l’angoisse, la mort, la maladie, il reste l’amour. Se poser là, blottis l’un contre l’autre, ou se tenant simplement la main, ou se regardant, ou se disant l’amour. Ce mélange d’admiration et de tendresse, ce sentiment qui nous remplit le coeur et donne force, simplement parce que l’autre existe. Ce truc dont je ne parle jamais, la main dans les cheveux, le sourire doux, oser être fragile à côté de toi, enlever les armures.

Maigre réconfort ou souffle nécessaire, chacun a sa vision, sa conviction. Et même, surprise, celle-ci évolue au fil de la vie.  Tu peux prendre l’option monogame ou polyamour, tu peux aimer qui tu veux – ce qui ne garantit jamais la réciproque, sur le principe de la liberté des uns blablabla – et pour le temps que tu veux. Tu as à ta disposition mille contrats possible pour conclure un mariage, une cohabitation légale, mais tu n’as besoin d‘aucun contrat pour aimer. Tu n’as même pas besoin de le dire, si tu es timide, ou consciente que c’est peut-être déplacé, ou pas le moment, le lieu, … Mais franchement, un petit Je t’aime glissé du bout des lèvres dans des moments importants, ça a son charme.

Est-ce qu’on peut tricher ? Y’a pas de police de l’amour, tu fais ce que tu veux avec ta conscience. Je privilégie la sincérité, pour ce motif exclusif : je ne sais pas mentir. Soit ça se voit tout de suite sur ma tête, soit ma vie intérieure est envahie d‘insupportables démons.

Bref, l’amour, c’est peu et tout, et c’est bon pour toi parce que le monde sans cela serait insoutenable.

Tu es un crétin

(Creep , Radiohead)

Mais si tu te crois libre d’aimer qui tu veux, comme tu veux, par choix de ton libre arbitre, retombe sur terre tout de suite : c’est un leurre.

Dans les pages de François De Smet, se cachent quelques constats d’une cruelle lucidité – en tout cas si comme moi, tu n’es pas vraiment riche, pas vraiment belle/beau, pas vraiment puissant (pas de e : c’est un critère pour les hommes), si tu as passé l’âge (là, c’est une critère pour les femmes, Baby) ou que ta charge érotique est plus légère qu’un colibri.

En voici un, bien tassé : celui ou celle qui a le plus de chance de plaire aujourd’hui, dans ce monde occidental, est la personne qui a l’apparence la plus conforme aux stéréotypes, tout en ayant la personnalité la moins conforme.

Pour les autres, les moches, les cons, les pauvres : ce sera misère sexuelle, ou il faudra faire avec ce que vous trouverez. Et ne tente pas de dragouiller le beau gars canon-intelligent-riche-bien monté si tu n’as pas d’arguments à hauteur des siens : c’est un crime de lèse-majesté total, presque une injure à son charme que de draguer quelqu’un qui joue dans la division supérieure. La drague aussi a ses règles et ses codes implicites. A ce stade, je ne sais pas si je préfère les connaître et pleurnicher, ou les ignorer, dans une ultime tentative de faire mentir la sociologie déterministe.

Sache, lecteur, lectrice, que c’est dans ce chapitre que j’ai trouvé l’inspiration du texte “La queue du paon“.

Ce bouquin est déprimant, me diras-tu ? En fait non. Il est brillant. Rude comme la vie, violent comme une claque sur la peau tendre et rosée de fesses rebondies, mais brillant. Ne fût-ce que par les réponses qu’il propose aux questions fondamentales liées à l’Eros :

  • les hommes, les femmes, l’égalité, les différences… Cela est-il conditionné par la nature et l’évolution des espèces, ou par la culture empreinte de patriarcat, de capitalisme et d’oppression du peuple ?
  • la putain qui baise pour trois sous et la maman qui donne des enfants, du sexe, un certain confort, un peu d’amour contre une sécurité sociale et financière, sont-elles les éternelles ennemies ? Qu’est-ce qui les différencie ? Ca se passe partout comme ici ?

(C’est dans ce chapitre, page 49, que j’ai trouvé l’inspiration pour le texte Abordable… Je crois que j’ai une âme de Malaya qui affleure à mon corps, parfois.)

  • Depuis la nuit des temps, et même avant, le deal tient en peu de chose : échange sexe contre situation. Je résume, mal et caricaturalement, mais je t’invite à lire les mots de l’auteur, bien plus subtil et complet que moi (lui prend 350 pages pour t’expliquer, aussi. Bien que long, ce billet sera plus modeste).

Ce constat , aussi vrai soit-il , est une insoutenable vérité. Imagine vivre en ayant conscience à chaque instant, que tu peux mourir ce soir, demain, dans 8 jours. Ok, c’est ma réalité. Mais bon, hein, parfois j’oublie. Ce qui nous permet d’oublier, dans le cas de l’échange érotico capitaliste… C’est l’amour. Oui, tu as bien lu.

Comme la religion te fait oublier que la mort est la fin de ton histoire – avec la religion, tu peux encore imaginer qu’il y a une vie après la mort, même si toi-même tu doutes – , et bien l’amour te fera oublier un moment, un instant ou peut-être plus, que cette séduction, cet échange de fluide, ce moment d’intimité que tu partages, tu ne l’as pas vraiment choisi. Il est le fruit d’un tas de conditionnement, code, influences naturelles et culturelles, héritages divers, et de la sublime conjonction de :

ton compte en banque * ton potentiel de géniteur * ta stature de mâle rassurant  * ta capacité à être fidèle ou à le faire croire.

Parlez-moi d’amour

(Ella Fitzgerald,  The man I love)

L’auteur de Eros Capital pose l’amour comme clé de voûte du capitalisme, voire, nouvelle religion du monde. Pas moins. Lis plutôt, page 330 :

A quoi nous sert l’amour aujourd’hui ? A accepter et tolérer la victoire du libre-échange économique comme principe de régulation de nos vies, et en particulier à refouler la révélation que le marché constitue la nature profonde de l’être humain”.

Ca pique ? Note que c’est le même chiffre que E330, l’additif alimentaire qu’on mettait dans les bonbons des années 80 et qui n’est autre que l’acide citrique, qui pique vachement plus. Pardon pour cette disgression.

Et, un chouia plus loin, page 331 :

“Voilà comment nous avons commis l’erreur de vouloir enfermer l’amour dans le mariage. Tout comme nous sommes en train de commettre l’erreur de vouloir l’enfermer dans la sexualité. Tiraillés entre la religion du marché et la religion de l’amour, les hommes et femmes modernes ont choisi : ils sont croyants sceptiques dans la religion de l’amour tout en étant pratiquants appliqués de la religion du libre-échange. Pour paraphraser Nietzsche sur l’art et la vérité : nous avons inventé l’amour pour ne pas mourir du marché. Nous sommes en ce sens tous des prisonniers volontaires”. 

Alors ok, l’amour.

J’ai quelques arguments contre l’amour aujourd’hui, le mariage d’amooouur, enfin … Contre la version Disney “Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants” :

  • le divorce, parce qu’à l’usure il est vraiment trop con.
  • Les couples éphémères (Je repense avec émotion au “Serial Lover” assené à un Hugh Grant collectionneur d’émotions amoureuses dans l’inénarrable 4 mariages et un enterrement)
  • L’impossible association amour/mariage (non, ça ne va pas forcément ensemble).
  • Le sexe qui disparaît parce que l’habitude, la fatigue, les enfants envahissants, les soucis, le stress, autre chose à faire, tiens prends un livre ça t’occupera.
  • Pour toujours, c’est une expression, pas vrai ?

Le mariage d’amour, ça fait pas mal d’emmerdes à gérer. On est loin de la vision idyllique, romantique, récente et totalement imaginaire, pas vrai ?  Et l’amour, comme la vérité, se trouve aussi ailleurs.

A la base, on ne se mariait pas vraiment par amour, et chacun complétait l’ordinaire avec le beurre de son choix, tant que le patrimoine était sauf, tout allait bien.

Ajoute une couche de religion, l’émergence de l’individu et du capitalisme, les préoccupations de liberté et de droits humains, quelques guerres, et voilà le résultat : dans notre société occidentale, le mariage a pris un nouveau sens, qui ne correspond plus vraiment à l’association de deux familles qui unissent leur patrimoine, et tant pis si le marié a un gros nez.

Page 249 : “Loin de permettre que , comme par magie, “chaque pot trouve son couvercle”, la démocratie libérale favorise les logiques de compétition. Et tant pis pour la liberté d’aimer supposée enchanter nos vie et faire de nos existences autant de promesses de belles rencontres et de randonnées sans fin à dos de chevaux sauvages”.  

Qu’advient-il aujourd’hui du bougre qui a un gros nez et dont personne n’arrange le mariage ?

—-> RIEN.

(Ce rien inclus pas mal d’options, en fait. Je te laisse le soin de les lister, lecteur. Mais si tu crois que son gros nez passera mieux sur une application de drague que dans la vraie vie, tu te trompes : à un moment donné, on paie toujours son physique, ou tout autre critère à la mode et dont on soit dépourvu pour séduire.  Si tu veux séduire, il te faut un atout. C’est injuste ? C’est réel. Et fait la fortune des salles de sport, des chirurgiens esthétiques et des régimes débiles . Et le lit de bien des frustrations, génératrices d’autres problèmes encore. Je t’ai dit que ce bouquin était cruel ? Cela dit, on peut s’éduquer, et éduquer nos enfants autrement : la beauté intérieure, l’humour, le gros nez et le sexe proportionnel, se raconter des histoires pour tenter d’agir sur ces discriminations. Mais chasser le naturel, il revient au galop. Et gagner la liberté de choisir qui on veut/peut aimer/baiser, implique aussi choisir qui on ne veut pas… Eh ouais.)

Et pourtant, et là je rejoins totalement l’auteur, dans la relation amoureuse, on trouvera ce refuge à l’abri du monde. Le luxe d’être soi, sans trop de fards, de filtres, en confiance. Avec des sas de sécurité entre le monde extérieur et le “entre nous”. J’allais écrire le “chez soi”, mais c’est faux. La liberté moderne, dont un des avatars s’incarne dans l’autonomie de la femme,  nous a donné ce luxe de pouvoir s’aimer sans forcément partager le même toit. Ca préserve un peu de l’ordinaire, de la lassitude, et offre un peu de temps à soi, essentiel pour, par exemple, les louves solitaires et les geeks. Si, je t’assure.

Chacun fait c’qui lui plaît 

(Chagrin d'amour)

Mais alors, me diras-tu, lecteur… Quand est-ce qu’on baise ?

Enfin, j’espère que tu ne le diras pas comme ça. Ca me ferait rire, note, et femme qui rit à moitié dans ton lit, tu sais bien. Mais si tu veux la totalité dans ton lit (c’est meilleur, tsé), choisis une autre façon de me parler. Sauf si tu es déjà au labeur, et qu’un mot un peu vif t’échappe dans le feu de l’action : je ne t’en voudrai pas.

Bref, et la peau, la chair, les frissons, l’émoi du corps ? Et l’abandon des oripeaux, et les cuisses moites, et les reins électriques ?

Deux questions se posent :

  • Est-on obligé de lier amour et sexe ?
  • Est-on libre en matière de sexe ?

Je peux faire des réponses courtes : Non. Oui.  Ca t’aide ? Bon, on va creuser un peu alors.

L’amour, c’est meilleur avec du sexe. (C’est mon point de vue.) Mais tu peux aimer sans sexer, si tu veux.

De même, le sexe, c’est super bon #AvecDeLAmourDedans. Mais c’est aussi super bon avec du désir, de la curiosité, de l’envie, de la découverte, de la complicité, des fous rires, de l’imprévu, ou sans enjeu, sans lendemain, sans prise de tête, sans suite. Ca te choque ? N’oublie pas la capote.

Bref, ton corps, ton choix. Ca vaut pour l’IVG, ça vaut pour le sexe. Ta vie, tes valeurs, tes limites. Et surtout, ta putain de liberté.

Évidemment, quand on est engagé dans une relation de confiance, où la fidélité fait partie des postulats de départ, ça mérite quelque discussion. A quoi est-on fidèle ? Pourquoi ? De quel droit on s’approprie le corps de l’autre ? De quel droit on met à l’autre une limite quelconque à ce qu’il a le droit de vivre ou pas ? Et sucer, c’est tromper ?

Dans aucun autre domaine que le sexe, on ne se permet ce genre de choses. Ah si parfois :  la longueur de la jupe… Selon la longueur, on entendra salope ou pute. Et on dit aux femmes : ces hommes-là, qui veulent imposer, limiter, contraindre la longueur de ta jupe,  ne les fréquente pas. Rappel : ton corps, ton choix.

Envisageons le même discours non pas avec la longueur de la jupe mais avec le nombre d’amants, et l’écho sera le même : salope ou pute. Plus rarement, on entendra “Ton corps, ton choix”. Et pourtant, n’est-ce pas la même question, une question de liberté ? Et chez le mâle, crois-tu que tu entendra aussi des injures ? Non ? Gagné. A la limite, coureur. Séducteur. Don Juan.

On en revient donc aux questions du début… La maman ou la putain d’un côté, l’homme de l’autre, la nature et la culture au milieu.

Je ne dis pas que tout le monde doit coucher avec tout le monde dans un joyeux bordel teinté de stupre et de râles. Hum, non, je ne le dis pas.

Je ne dis pas non plus que la fidélité sexuelle est un pré-requis à l’amour. Vraiment pas.

Mais soyons libres, soyons curieux, inventons le mode de vie qui nous va, le mode de relation qui nous convient, avec le nombre de partenaires de notre choix. Tant que tout le monde est d’accord et ne se fait pas de mal, rien ne devrait nous en empêcher. Ni l’état civil, ni les lois, ni la rumeur, ni l’église, ni la bienséance. On a qu’une vie, bordel, aimons autant que nous pouvons !

(Suspens : ceci est un fake)

Qu’est-ce que tu ne ferais pas pour la peau 

(Dominique A)

Ceci était donc un long paragraphe à la gloire du chacun fait fait fait c’qui lui plaît plaît plaît en matière de sexe. Mais, hélas, je me rends compte que je défends un truc que je suis incapable de gérer au quotidien. Il y a le principe et la réalité. Cela m’éloigne de mon sujet de départ, le refus absolu de rentrer dans les moules que me tend la société. (Non, c’est pas de l’homophobie, crétin.) Mais j’ai du mal à être raccord entre mes conceptions théoriques et la vraie vie, entre mes désirs et mes réalités. A ce stade, lecteur, lectrice, tu as compris les concepts de dialectique, et de mouvement perpétuel. Mais nous n’avons pas de réponse satisfaisante.

Peut-être que c’est cela la vérité : nous n’avons pas de réponse satisfaisante. Face au monde qui se délite, face au capitalisme qui nous transforme en marchandise, face au vide de sens, nous n’avons pas de réponse satisfaisante. Et chacun fera ce qu’il peut, avec son gros nez, ses cheveux gris et ses kilos en trop. Les hommes riches et puissants séduiront les jeunes filles en fleurs, les autres feront du mieux qu’ils peuvent. Ou pas. Peut-être qu’ils se réveilleront en colère, avec un sentiment d’injustice, la sensation d’avoir été floué, le regret d’avoir cru que tout était possible, mais la conscience finalement, que la claque du réel capitaliste les laisse sur la touche… Que se passera-t-il, tu crois ?

Rendez-nous la lumière

(Dominique A)

Un truc vient casser ce marasme un peu résigné : moi. Et peut-être toi, aussi, qui me lit. Et toi là-bas. Les électrons libres. Pas les modèles riches-puissants-costauds (mais s’il y en a dans mes lecteurs, faites vous connaître, je vous en prie), ceux-là ont tout ce qu’il faut là où il faut pour se reproduire et se satisfaire du marché.

Moi, je suis plutôt dans le clan de l’artisanat. Je baise à l’ancienne, avec désir, avec envie. Je fais l’amour, même si l’amour ne dure que le temps d’un baiser, comme on s’abandonne, en arrêtant les pensées et le monde, avec coeur, avec les mains, la bouche, la peau, la chair, le frisson et le sourire.

Et pire : oui, il y a un prix.

Mon prix, ma dope, mon sucre, c’est la joie. Ca colle pas bien avec le capitalisme, la joie. C’est léger, c’est revigorant, ça te met les nuages sous les pieds et le coeur qui palpite, les doigts parfumés de sexe pour tout le jour, des jeux plein la tête et le sourire aux lèvres. Fille de joie, c’est beau, tu sais.

Je me leurre, mais j’en suis consciente. Bienvenue dans mon paradoxe.

Et même, je ne suis pas seule. Il existe un village gaulois qui résiste… Des humains qui voient plus loin que la photo de profil. Des hommes, des femmes, sensibles à l’éclat dans l’oeil, celui qu’on aperçoit derrière le grand nez. Des humains capables d’inventer leur propre façon d’aimer, même si elle est socialement inadéquate et fiscalement horriblement coûteuse. Des humains qui font une place au désir, et cherche la beauté là où elle se trouve, à l’angle d’un sexe, aux mots partagés, aux aurores tendres, aux étreintes fugaces.

Bien sûr, ce n’est pas parfait. Parfois la vie manque de sexe, ou d’amour, parfois les hommes ne bandent plus, les peaux sont fatiguées. Parfois on cherche dans le jardin du voisin ce qui rend son herbe si verte, et on teste d’autres choix de vies. Parfois on s‘invente des histoires, en quête d’un frisson plus fort, ou d’un instant d’éternité. Parfois on essaye malgré tout la formule classique, mariage/enfants/beaux-parents/maison/vacances en Espagne, et on se plante. On recommence. Si on est malin, ou si on apprend de nos erreurs, on recommence d’une autre façon. Peut-être mieux, peut-être pire, jusqu’à trouver la façon d’aimer et/ou la vie sexuelle qui nous convient.

C’est vraiment tout le mal que je vous souhaite, à toi et toi, et toi là-bas. La force et le courage de défier les autoroutes du marché, la créativité et l’intelligence d’inventer votre propre chemin. Ça ne nous sauvera pas de la sociologie déterministe, ça ne nous donnera pas toutes les réponses aux questions existentielles des philosophes, mais peut-être, et seulement peut-être, cela donnera à nos vies des saveurs précieuses, et à nos heures de sexe des couleurs chatoyantes. La vie ne serait pas parfaite, mais qu’est-ce qu’elle serait belle.

Finalement, peut-être suis-je une femme moderne ?

Et toi, lecteur, lectrice, comment vis-tu ?