Le lien

A l’oubli, de nuit. J’ai voyagé dans nos vies rêvées, la folie des hiers, l’intensité des heures, quand le rythme guide, quand la batterie résonnait dans mes reins, la folie même pas, peut-être juste la vie, cet essentiel abandon, cette nécessaire confiance en nos âmes rugueuses, nos abruptes écorchures. Je marche dans la rue avec la légèreté de nos voyages, les autrefois fugaces et insensés, les corps partagés au bord de la rivière, la sauvagerie instinctive de nos corps à corps absolus, mes seins dans vos mains. 
Mes seins.
Dans vos mains. 
Chut, écoute. Reste au présent. 
Mes seins dans vos mains. 
Y a-t-il eu des nuits entre alors et demain ? Cette fièvre toujours à l’instant caduque, la fragile conscience, et la jouissance de vous, l’absolu. 
J’allais dire vous, mon absolu.
Mais mon corps se refuse à l’appartenance, il se donne, se vainc, se séduit, il s’oublie. Mais jamais n’appartient. Le lien se glisse entre nos peaux, quand vos lèvres sur mon ventre, votre sexe entre mes reins. 
Quand vos mains et mes seins. 
Et mon âme vous fuit, quand vous tentez la possession, et le désir se meurt, mon ventre rechigne à vous accueillir dans l’absence de libre. Ils me font de vos lèvres les murmures égarés, et de vos doigts voraces la caresse, la délicatesse ou la rage, mais la rencontre, mais l’espace entre vous et moi, cet infime ni vous, ni moi, où les liqueurs s’échangent, les odeurs mélangées, et le parfum qui restera, au petit matin, d’un peu de vous sur moi. 
A la nuit venue j’ai rêvé. Le vin d’ivresse a chanté ma langueur, mes fesses contre tout contre ont retrouvé leur place, dans le creux de vous, cette intime moiteur des amants quotidiens, cette habitude rassurante des mots d’avant l’inconscience, Parfois il faudrait oublier qu’hier déjà je vous mangeais ,et puis regoûter à votre émoi comme une découverte. 
A fuir les jouissances, à fuir l’habitude, à chercher l’inédit, nous avons touché l’essence de ce qui nous lie. La peau, seule réponse à cette insondable peur, la jouissance comme ultime abandon. 

Attachez-moi.

1 commentaire sur “1”

Les commentaires sont fermés