Solitaires

La peau raconte, tu sais, comme le vent. Elle dit l’émoi à chaque rougeur, le trouble à chaque frisson, le plaisir dans la pâleur. Je te regardais, sexe droit, main branlante, doigts voraces, entourant la tête si douce, explorant les rondeurs et les creux, promenade de santé entre fesses et gland. Je te regarde et je suis troublée. Mon souffle prend le rythme du tien, contagion du désir, l’émotion douce.

Le grand fauteuil. Mes cuisses sur les accoudoirs, l’insolence de la liberté, mon sexe respire. Ton regard sourit à la chair ainsi exposée, pâle puis rosée, replis humides et palpitants. Tes doigts s’enroulent sur ton bois, anneau de raison et danse folle, pincer légèrement, émouvoir sans étreindre, jouer sans exulter, pas déjà.

Je suis miroir et loin de toi, assez loin pour tes mains, mais assez proches pour tes yeux. Tu dis ‘Je voudrais prendre ton sein dans ma main, et pétrir chair douce. Fais-le pour moi’. Et ma main doucement, tire la douce pointe, englobe et pétrit.

Tes mains glissent entre tes cuisses, indolence suave, tu suis du doigt les veines, tu traces des ronds autour de l’alambic aux parfums de sel. Tu dis ‘Je voudrais que mes doigts attisent cette fente, à la rendre moite et fruitée, chair douce, je voudrais que tu fasses cela pour moi.’ Et mon doigt passe de ma bouche à mes lèvres, et la chair rougit, et le souffle court. Il chemine vers l’humide, déjà, sexe luisant, entre et revient chercher l’eau. Bouche, sexe, encore, un doigt léger, appelle l’autre.

Tu soupires, tu as chaud, tu as bon, tu veux plus, tu veux jouir. Tu commences la danse que tu connais par cœur, quand ta main coulisse et poigne, et appuie juste là où ton gland palpite, le refrain magique, le plaisir au bout. Tu dis ‘Je voudrais que ton corps convulse, que ta peau frissonne et que tes yeux s’absentent. Je voudrais que devant moi tu te branles, à en jouir d’indécence.’ Et je. Et tu.