Histoire de nuit

Les cheveux au vent, nous marchons vers le petit matin. Il y a dans l’air des odeurs âcres de nuits passionnées, quand le foutre se répand en de tumultueuses rivières, entre cloaque de la misère sexuelle et décadence putride.  Ici les corps jouissent à la chaîne, en de mécaniques extases. Performance, 43 minutes d’astiquage, et coïtus interruptus fur alles. 

C’est la misère, Baby. 

On a oublié le doux. Tu te souviens ? Cette sensation, ses doigts qui frôlaient ta joue, dans une candeur délicate ? Ces doigts qui caressaient l’intérieur de ta bouche, les frissons doux et l’appétit de goûter son corps ? Tu te souviens comment ton cœur a sauté trois battements quand tu l’as embrassée dans la ruelle ? Il faisait jour à minuit, et tu souriais large. Peut-être à touche d’envie, à fragments de désir, à l’émotion délicate du petit matin, tu peux apaiser ses révoltes contre l’ordinaire, avancer à petit pas sur le velours, un mot à la fois, et goûter, coquelicot sauvage, son sexe qui palpite, contre le tien. Et les incendies sont brasero, et les colères deviennent des phrases, de celles qui font vaciller l’inexorable, et remettent un peu de cette liberté humaine dans l’immonde des temps modernes. Juste un peu de beau.